Quantcast
Channel: www.elunet.fr - logement social
Viewing all articles
Browse latest Browse all 20

Un Habitat écologique d'ici 2050 : un enjeu auquel le capitalisme ne peut répondre, par Amar BELLAL

$
0
0

amarbellal.jpg
Amar BELLAL, est professeur agrégé de Génie Civil, il revient sur les enjeux de financement du chantier visant à diviser par quatre la consommation d'énergie dans le bâtiment : ce n'est pas aux locataires de payer!

Six cent milliards d’euros, un chiffre qui affole le monde de la construction. C’est l’ADEME (Agence de l’environement et de la maîtrise de l’énergie) qui le livre.
Il s’agit du coût du chantier de rénovation thermique des logements existants en France, afin de diviser par 4 la consommation d’énergie dans le bâtiment d’ici à 2050.
Cela concerne près de 24 millions de logements et, vu la somme, se pose bien sûr la question du financement.
Pour la droite au pouvoir, logique de classe oblige, c’est clair, ce sont les ménages qui devront payer !

Et les décrets vont dans ce sens, par exemple, celui qui permet de faire supporter la moitié du coût des travaux de rénovation aux locataires, les propriétaires payant le reste.
Le problème c’est que malgré tous les outils incitatifs mis en place (crédit d’impôt, éco prêt à taux zéro, subventions), tout cela s’avère inefficace vue l’ampleur de la tâche.
De plus, les deux milliards du plan de relance de Sarkozy qui y était consacrés, ont fondu à 500 millions. Résultat : là où il faudrait près de 500 000 chantiers de rénovation, le gouvernement en annonce triomphalement quelques dizaines de milliers seulement par an.
A ce rythme, les objectifs affichés du plan bâtiment du Grenelle de l’environnement seront remplis non pas en 2050 mais dans 4 siècles...
Les réponses ne sont donc pas à la hauteur, tout comme la construction de nouveaux logements d’ailleurs et ce hors exigence d’économies d’énergie. Il faudrait 15 milliards d’euro par an pour réaliser ces travaux à l’échelle de la France.
15 milliards d’euros par an, distribués sous forme de crédits ou aides directes, ce n’est pas une charge pour la collectivité, mais un investissement social, un projet industriel et une occasion de faire réaliser des économies à la France.
Investissement social, car à l’heure où 3 millions de personnes sont dans une « précarité énergétique » il devient urgent de baisser les factures de chauffage. Projet industriel, car c’est 150 000 emplois pérennes pendant 40 ans qui sont en jeu, avec bien sûr la nécessité d’engager, sans attendre, un plan de formation pour, d’ici quelques années, disposer suffisamment de professionnels de la rénovation thermique.
C’est aussi des investissements dans l’industrie des systèmes de chauffage et matériaux isolants performants, tout en continuant les efforts de recherche dans ces domaines .
C’est enfin réaliser des économies :. En effet le débat sur l’énergie se limite souvent à une opposition nucléaire contre énergie renouvelable, or on oublie vite que les économies d’énergie sont la source d’énergie la moins chère et la moins polluante qui existe !
Pour 1 euro investi dans l’isolation, c’est 2 euro, dans l’hypothèse la plus défavorable, qui sont évités en investissement dans la production d’énergie. D’autre part, face à la flambée du pétrole, à partir de 2030, la baisse de la facture énergétique, suite aux travaux d’isolation, sera telle qu’elle autofinancera le plan.
La région est le niveau le plus pertinent pour l’évaluation des besoins et le déploiement d’un tel programme.
On pourrait déjà agir à travers les fonds régionaux que nous proposons, ces fonds étant uniquement destinés à rembourser les intérêts des emprunts, qui par effet de levier, permettrait de mobiliser des sommes d’argent considérables auprès des banques.
Ces crédits seraient alors proposés à taux zéro aux entreprises de la rénovation thermique sous conditions d’embauches, d’investissements et de politique de formation. D’autre part, en plus des constructions neuves aux normes basse consommation, on pourrait agir très vite sur le parc de logement social en IDF et, parmi eux, plus particulièrement les 100 000 logements « passoires thermiques » à rénover.
Parlons aussi de l’ « énergie grise », celle qui est nécessaire à la construction des bâtiments, qui peut représenter jusqu’à 20 % de la consommation sur toute la durée de vie de l’ouvrage !
L’impact de l’industrie du ciment très énergivore et polluante, pourrait être diminué considérablement si la filière bois et la construction en terre était revalorisées,ce qui appelle à un changement culturelle vis-à-vis de ces " archéo matériaux" injustement dévalorisés.
Reste à intégrer ces propositions à une politique de l’urbanisme qui limite les déplacements polluants : en effet, il ne servira à rien de construire des maisons économes si, du fait de l’étalement urbain et du défaut de moyens de transport en commun, le déplacement en voiture domine. Face à l’ampleur de la tâche,on voit bien que le retour à une intervention publique forte devient une urgence écologique et sociale.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 20

Trending Articles